« Les éléments invisibles du bilan — marque, relations clients, technologie, processus — peuvent valoir bien plus que vos chiffres. » Ebenezer – Sensibiliser à la valeur immatérielle
Les fondateurs de PME le savent instinctivement : leur entreprise ne se résume pas à un bilan. Pourtant, au moment d’une levée de fonds ou d’une cession, la valorisation se base encore trop souvent sur des multiples de revenus ou d’EBITDA, comme si l’histoire, la réputation et le savoir‑faire n’avaient pas de prix. En réalité, ce sont ces actifs immatériels — la marque, les relations clients, la technologie, la culture — qui constituent la majeure partie de la valeur d’une entreprise. Un récent rapport du cabinet Cegelem rappelle que l’économie française est déjà à 86 % immatérielle et que les actifs invisibles représentent 60 à 90 % de la valeur d’une entreprise.
Dans cet article, nous vous proposons de prendre de la hauteur : comprendre pourquoi les actifs immatériels sont devenus le véritable moteur de la valeur, découvrir comment les mesurer et comment les valoriser pour préparer sereinement une croissance de 2 à 5 M€ de chiffre d’affaires ou une future cession.
Une entreprise possédant les actifs immatériels que sont une marque reconnue régionalement, une base de clients fidèles qui renouvèlent 80 % de leurs contrats et un logiciel développé en interne pour piloter ses interventions, pourrait perdre 40% de sa valeur réelle si ces actifs ne sont pas valorisés. Ce scénario illustre bien une réalité : l’iceberg de la valeur est surtout constitué d’éléments invisibles aux yeux des modèles financiers traditionnels.
Cette situation n’est pas isolée. La World Intellectual Property Organization (WIPO) constate que les actifs immatériels des entreprises mondiales ont bondi de 28 % en 2024 pour atteindre 80 000 milliards de dollars, soit une multiplication par 13 depuis 1996. En France, l’INPI souligne que les investissements immatériels — logiciels, données, marques, R&D — ont augmenté trois fois plus vite que les investissements matériels en 2024 et que la France se classe désormais 2ᵉ au monde (1ʳᵉ en Europe) avec 631 milliards de dollars investis. L’ONU précise d’ailleurs que la France a enregistré la plus forte croissance de l’investissement immatériel parmi les économies à forte intensité technologique, avec une progression réelle de plus de 5 % en 2024, devant le Royaume‑Uni et l’Espagne.
Les experts distinguent trois grandes composantes du capital immatériel :
La WIPO et Brand Finance y ajoutent la recherche et développement (R&D), les bases de données, les savoir‑faire et les marques comme catégories d’actifs immatériels.
1. Faites un diagnostic structuré. Un audit de propriété intellectuelle permet d’établir un état des lieux complet des actifs immatériels : marques, brevets, dessins, logiciels, bases de données, secrets d’affaires, noms de domaine, etc. L’audit vérifie la titularité, la validité des droits et la cohérence des contrats, identifie les lacunes et les opportunités et constitue un dossier solide pour les investisseurs. Un audit réalisé en amont d’une cession ou d’une levée de fonds renforce la position de négociation et rassure les partenaires.
2. Documentez et formalisez. L’article du cabinet Scale2Sell conseille aux PME de documenter leur savoir‑faire, leurs procédés et leurs réseaux pour transformer ces atouts invisibles en leviers de négociations. Identifiez vos dépendances (comme un collaborateur clé ou un fournisseur unique) et préparez des plans de transmission. Décrivez vos modes opératoires, votre culture et votre histoire. Cela vous aidera à convaincre un repreneur ou un investisseur que la valeur restera dans l’entreprise après votre départ.
3. Mettez en place un tableau de bord immatériel. La plupart des dirigeants de PME « pilotent à l’instinct » et n’ont pas de tableau de bord clair. Or les banques et les investisseurs demandent aujourd’hui une visibilité sur la trésorerie, les KPI et la capacité d’anticipation. Construisez des indicateurs qui reflètent vos actifs immatériels : notoriété de la marque, taux de rétention client, engagement des équipes, part du chiffre d’affaires générée par des produits/procédés propriétaires, etc. La mise en place d’un CFO — interne ou externalisé — permet d’aligner la stratégie financière sur la valorisation des actifs immatériels.
4. Anticipez les besoins financiers. Les dirigeants que nous accompagnons cherchent souvent un financement pour un recrutement massif, un investissement matériel lourd ou la préparation d’une cession. Les investissements immatériels étant désormais un critère de sélection, un dossier bien préparé montrant une gouvernance sérieuse et une maîtrise des actifs immatériels fait la différence. Les études WIPO montrent que les entreprises détenant des droits de propriété intellectuelle sont deux fois plus susceptibles d’attirer un acquéreur et qu’elles affichent jusqu’à 55 % de chiffre d’affaires supplémentaire par salarié.
Que vous envisagiez une croissance accélérée ou une cession dans les prochaines années, prenez le temps de cartographier et de valoriser ce qui fait réellement la richesse de votre organisation. L’économie d’aujourd’hui est portée par l’innovation, les données et les relations ; en révélant et en protégeant ces actifs, vous transformerez un patrimoine invisible en moteur de croissance et en sécurité pour l’avenir.
Les entreprises qui documentent leurs processus et protègent leurs droits sont deux fois plus susceptibles d’attirer un acquéreur et génèrent jusqu’à 55 % de chiffre d’affaires supplémentaire par salarié.
Levez‑vous chaque matin en sachant que votre capital immatériel – vos collaborateurs, votre marque, vos technologies – est votre meilleur allié pour passer de 2 à 5 M€ de chiffre d’affaires. Quels chantiers allez‑vous lancer pour structurer et développer ce patrimoine invisible ?











