Le marché de la reprise d’entreprise en France traverse actuellement une période riche en opportunités, mais également en défis. D'un côté, le fameux « papy-boom » ouvre de nombreuses possibilités pour les repreneurs, avec près d’un dirigeant sur quatre âgé de plus de 60 ans. Chaque année, ce sont environ 50 000 entreprises qui changent de main, un chiffre qui dépasse les niveaux d’avant la crise sanitaire selon Bpifrance .
Cette vague démographique libère un grand nombre d’entreprises bien établies qui recherchent activement de nouveaux dirigeants capables d’assurer leur pérennité et de revitaliser leur activité. Pour les repreneurs avisés, il s’agit d’une véritable occasion de sélectionner soigneusement des entreprises solides, négocier sur des bases rationnelles, et accélérer leur projet entrepreneurial grâce à des structures déjà opérationnelles, bénéficiant d'une clientèle fidèle et de flux de trésorerie établis.
Par ailleurs, l’environnement économique actuel présente aussi des avantages. Les dispositifs d’aides publiques tels que les garanties proposées par Bpifrance, les prêts d’honneur d’organismes comme Initiative France et les crédits-vendeur peuvent faciliter significativement les montages financiers. Cette situation permet à un repreneur bien conseillé et bien préparé d'optimiser son investissement initial et de démarrer sur des bases financières solides.
Cependant, en dépit de ces opportunités apparentes, beaucoup d'entreprises proposées à la vente peinent à trouver un acquéreur. Pourquoi ? Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Premièrement, de nombreuses sociétés restent excessivement dépendantes de leur dirigeant, dont le savoir-faire spécifique, les relations clients et l'expertise personnelle sont difficilement transférables. Dès lors, l’entreprise perd considérablement en valeur dès que ce dirigeant quitte ses fonctions.
Deuxièmement, les dirigeants qui approchent de la retraite négligent souvent d'effectuer les investissements essentiels dans les infrastructures, les équipements, ou encore dans la formation du personnel. Cela a pour effet de rendre leur entreprise moins attractive, et par conséquent difficilement finançable par des banques exigeantes en termes de sécurité financière.
Enfin, le manque de clarté ou de disponibilité immédiate des chiffres clés de l’activité représente également un obstacle majeur. Beaucoup de dirigeants ignorent l’importance d’un reporting régulier et structuré, rendant la justification du prix demandé compliquée voire impossible. Ainsi, malgré une offre abondante, seules environ 20 000 entreprises par an remplissent pleinement les critères nécessaires à une reprise réussie selon les analyses de Bpifrance.
Pour les dirigeants qui souhaitent préserver leur liberté future de vendre ou non leur entreprise, il est crucial d’entamer la préparation dès aujourd’hui. Concrètement, cette démarche proactive passe par la mise à jour régulière des indicateurs clés comme le chiffre d'affaires, la marge et l'Excédent Brut d'Exploitation (EBE), des éléments essentiels permettant de répondre efficacement aux interrogations d’un repreneur potentiel ou d’une banque sollicitée pour le financement.
Structurer clairement les processus internes et formaliser les contrats commerciaux et administratifs permettent de rendre l'entreprise attractive en démontrant qu’elle peut fonctionner de manière autonome, sans dépendance excessive à la présence constante du dirigeant actuel. Investir régulièrement dans l’innovation, la modernisation des équipements, la formation continue des équipes et la transformation digitale est également primordial pour éviter toute décote liée à des actifs obsolètes ou à une organisation dépassée.
Enfin, il est indispensable d’anticiper la relève managériale en identifiant très tôt un potentiel successeur ou une équipe de direction solide. Cela rassure les acquéreurs potentiels sur la continuité opérationnelle et la stabilité de l'entreprise post-acquisition.
Voici quatre recommandations pragmatiques pour agir dès aujourd’hui :
En définitive, que vous décidiez ou non de vendre votre entreprise à terme, prendre dès maintenant l’habitude de maîtriser et analyser régulièrement vos chiffres vous offre une véritable liberté stratégique.
Ignorer cette étape essentielle, c’est prendre le risque de laisser d’autres acteurs, moins impliqués que vous, décider de la véritable valeur de votre travail et de votre patrimoine entrepreneurial.
Sources : Bpifrance Observatoire de la Transmission, Actoria « Perspectives des fusions-acquisitions en France 2024 », Banque de France Étude « Entreprises 2024 et perspectives 2025 ».
Je suis Ebenezer MOUSSIO, DAF externalisé et fondateur de NOUORG , cabinet de conseil et direction financière. Nous accompagnons nos clients dans l'évaluation et la construction de leurs projets.