Depuis quelques semaines, les débats autour de la “taxe Zucman”, du budget de la loi de finances 2026, et des nouvelles contributions à venir nourrissent un climat d’inquiétude dans les directions d’entreprise. Même si ces mesures ne visent pas directement toutes les PME, elles entretiennent un sentiment diffus d’insécurité réglementaire et fiscale.
Dans les faits, le dirigeant d’aujourd’hui ne fait pas seulement face à la volatilité des marchés : il doit aussi composer avec une fiscalité mouvante qui bouleverse ses équilibres personnels et ceux de son entreprise.
Au printemps 2025, plus de 30 000 chefs d’entreprise ont dû fermer leur activité en France. Dans plus de 80 % des cas, il s’agissait de petites structures de moins de cinq salariés, fragilisées par des trésoreries tendues et une activité ralentie.
Ces données sont plus qu’un signal faible : elles sont un symptôme systémique d’un modèle économique qui repose encore sur le mythe du fondateur tout-puissant.
Selon les études croisées de la CPME et de l’Observatoire Amarok, près d’un chef d’entreprise sur deux se dit régulièrement seul face à ses décisions. Un sur trois évoque un impact direct sur sa santé mentale ou sa lucidité décisionnelle.
Pour beaucoup de patrons de PME, la fiscalité est vécue non pas comme une donnée de pilotage, mais comme une menace floue. Chaque annonce médiatique, chaque réforme potentielle devient un motif d’inquiétude supplémentaire, parce qu’ils n’ont ni le temps ni les outils pour en évaluer l’impact réel.
Et là le sentiment d’isolement se renforce. Ce vide d’analyse pousse certains dirigeants à la procrastination stratégique : reporter des investissements, retarder un recrutement, ou refuser un financement de peur d’alourdir la fiscalité. Autrement dit, la peur du faux pas remplace la stratégie.
On parle souvent de “risque de trésorerie”, “risque de marché” ou “risque réglementaire”. Mais le risque de solitude du dirigeant est rarement quantifié, alors qu’il conditionne les autres.
Pour beaucoup de dirigeants, reconnaître ses limites est difficile. Le manque de temps, l'absence d'espaces de confiance et d'autres raisons de rester seul sont multiples.
Pourtant, l’actualité est sans appel : la vague de défaillances de 2025 montre que la trésorerie est le nerf de la guerre, et que les entreprises ayant un pilotage financier structuré résistent mieux aux crises. Rester seul n’est plus une option.
2025 marque un tournant. Les PME subissent simultanément :
Dans ce contexte, continuer à “piloter de manière isolée” n’est plus tenable. Les fondateurs doivent professionnaliser leur pilotage autant que leur production.
L’isolement du dirigeant n’est pas une fatalité. C’est le symptôme d’un modèle de gouvernance encore trop centré sur l’individu.
Ce schéma atteint ses limites. Les contraintes fiscales, sociales, et environnementales exigent une approche plus collégiale de la décision. Non pas pour diluer la responsabilité, mais pour la rendre soutenable.
Les entreprises les plus résilientes sont celles qui ont su instaurer un cadre de discussion stratégique autour du dirigeant :
Cette ouverture ne retire rien au leadership. Au contraire : elle permet au dirigeant de redevenir celui qui impulse, plutôt que celui qui éteint. Le véritable pouvoir, dans un environnement aussi mouvant, n’est plus dans le contrôle absolu, mais dans la capacité à orchestrer l’intelligence collective.
Si l’isolement des dirigeants grandit, ce n’est pas parce qu’ils sont moins compétents ou moins résilients qu’avant. C’est parce qu’ils portent seuls des responsabilités qui ne peuvent plus l’être.
Les chiffres de Bpifrance Le Lab et de Malakoff Humanis n’envoient pas seulement une alerte sociale : ils rappellent que la solitude du dirigeant devient un risque économique, au même titre que la baisse de marge ou la tension de trésorerie.
Répondre à cette solitude ne relève pas de la technique, mais d’un changement culturel profond : reconnaître que diriger, c’est aussi s’entourer pour penser plus juste.
Parce que l’angle mort du dirigeant s’élargit. Et c’est collectivement, que nous devons le réduire.
Ebenezer Moussio, Fondateur de NOUORG . DAF à temps partagé, j'aide les dirigeants à transformer leurs chiffres en leviers de croissance. 📩 ebenezer@nouorg.com











